Des questions pour réfléchir...

Ces écrans-jouets sont robustes, moins chers et plus attrayants que les tablettes classiques. Leur ergonomie est simplifiée, les contenus préenregistrés sont adaptés pour les enfants. Un contrôle parental est en général prévu. Par contre, les caractéristiques techniques sont souvent médiocres. Les tablettes sont peu évolutives en termes d’applications, de logiciels et même d’usages : elles ne peuvent pas servir aux plus grands et, à l’instar d’autres jouets électroniques, pourraient être rapidement délaissées par l’enfant. Ce sont essentiellement des consoles de jeu, même si nombre d’entre elles peuvent se connecter à Internet au moyen du Wi-Fi.

Une autre alternative étant la mise à disposition aux enfants de la « tablette classique » de la famille. Celle dont le parent se sert également comme média.

Il s’agit donc d’un choix, non seulement commercial mais également éducatif. Puisque si l’enfant dispose de « sa tablette », il sera important de l’aider dans la transition vers celle des adolescents ou adultes. Il passera d’un univers prévu pour lui, à un objet d’ouverture vers le monde. Si les réflexes techniques persistent, ceux de l’analyse critique des informations et des usages seront, quant à eux, à encourager et développer.

Quel que soit le choix posé par les parents, l’accompagnement reste de mise.

Voir l’activité : Sens dessus-dessous

Les faux téléphones ou les fausses tablettes font partie, à l’instar d’une dinette ou d’une trousse de docteur, de la catégorie des jeux d’imitation. « Faire comme… ou comme si… » fait partie de l’univers d’apprentissage des petits. Bien présent dans leur quotidien, le téléphone n’échappera donc pas à la règle. Ne vous étonnez pas de leur naturel « Allo », quand votre enfant met à l’oreille tout appareil semblable au téléphone. Il vous imite.

Au sein de la brochure « Si on jouait ? Jouer c’est grandir », l’Office de la Naissance et de l’Enfance rappelle les différents stades de jeux des enfants et les types de jouets à favoriser selon l’âge des enfants.

Voir l’activité : Sens dessus-dessous

La tablette ou le smartphone sont des objets qui ont leurs spécificités propres. Ils attirent l’enfant notamment parce qu’en tant que média numérique, ils sont un relais vers nombre de contenus tant et tant appréciés que l’enfant apprendra très vite à explorer de manière intuitive : chansons, jeux, dessins animés, qui l’accompagneront plusieurs années. Dès lors, quand vous confiez une tablette à votre enfant, vous prenez l’engagement de l’ouvrir au monde des contenus interactifs. Ce qui suppose également un accompagnement des usages.

Un enfant peut manifester des préférences marquées pour tel ou tel type particulier d’activités, dont parfois « jouer sur la tablette ou le smartphone ». S’il est important d’en tenir compte, il ne faut pas non plus hésiter à lui présenter un choix vaste et varié d’autres activités. L’enjeu est en effet la diversité des activités qui permettent à l’enfant de développer tous ses sens, son imagination et ses habilités psychomotrices. L’enfant sera d’autant plus attentif à ce choix varié de possibilités que vous prendrez le temps de les découvrir avec lui. (Office de la Naissance et de l’Enfance, brochure « Si on jouait ? Jouer c’est grandir », p.39).

Voir l’activité : On-Off

Dans de nombreux cas, les tablettes peuvent se révéler un outil précieux dans le soutien aux élèves souffrant de troubles de l’apprentissage, principalement en matière de lecture et écriture, pour autant qu’ils bénéficient d’un enseignement adapté à l’usage de ces outils. A titre d’exemple, voici un rapport produit par des enseignants de l’Académie de Nice (France) : Tablettes et les troubles de l’apprentissage "dys"

Le Dr Matthew Schneps, du Centre des sciences de l’éducation de l’Université de Harvard a suivi un groupe d’une centaine d’élèves et leur a demandé de lire des phrases courtes écrites sur un cahier, puis d’autres phrases courtes sur l’écran d’une tablette. Il s’est rendu compte que les enfants qui souffraient de dyslexie avaient beaucoup moins de difficulté avec la lecture lorsque les phrases étaient présentées sur une tablette. « Cela tient tout simplement au fait que sur l’écran, il y a moins de mots sur chaque ligne, ce qui permet à l’enfant de se concentrer sur chacun d’eux ».
(Source : Catherine Cordonnier, "Dyslexie : les tablettes peuvent aider les enfants à apprendre à lire", Top Santé, septembre 2013)

Voir l’activité : Du bout des doigts

Il faut d’abord, bien sûr, rappeler que chaque enfant, et chaque parent est différent. Pour Pascal Minotte, cette démarche doit avoir lieu « comme on le ferait en allant dans une plaine de jeux ou dans une ludothèque c’est-à-dire en jubilant ensemble, en construisant du sens, en fixant des balises et des limites, et en se racontant ensuite. [...] "Construire du sens" se fait naturellement pour peu qu’un dialogue s’installe autour d’une activité et de son contexte. Par exemple, l’enfant expliquera ce qu’il ressent sur la balançoire, la façon dont il aime être balancé (« plus haut ! ») et le parent évoquera des souvenirs d’enfance, ses propres parents ou encore le vertige dont il souffre. »

(Source : Pascal Minotte, « Qui a peur du grand méchant web », éditions Fabert, ypaka.be, p.12)

Voir l’activité : Les règles sont d’or

La question des limites de la durée d’utilisation est subjective. Par exemple, pour certaines activités que vous jugerez intéressantes comme le sport ou la lecture, vous n’aurez pas tendance à considérer que votre enfant y consacre trop de temps.

Mais l’usage de la tablette n’atteint pas ce niveau d’intérêt pour tous. Tout dépend de ce qu’on y fait. On évoque un peu trop vite la « cyberdépendance », un terme culpabilisant et assez effrayant pour le parent que vous êtes. Le terme utilisé et très répandu a le tort de jeter un certain nombre de pratiques chronophages dans un registre pathologique. Sans doute faudrait-il se contenter d’évoquer des usages excessifs dans la durée, voire problématiques. Quoiqu’il en soit, c’est à vous de fixer des limites (de durée, de moments…) et à en informer votre enfant, puis à les faire observer et respecter autant que possible. Si l’enfant les respecte, il faut aussi songer à l’encourager à persévérer en ce sens.

« Il nous faut acter le caractère chronophage des écrans, explique Pascal Minotte, ainsi que la fascination qu’ils exercent sur nous. (...) Nos bambins ont toujours eu du mal à interrompre une activité qui leur procure du plaisir et, de tout temps, il a appartenu aux adultes de leur rappeler le principe de réalité. (...) L’adulte qui pose un regard curieux et bienveillant sur les activités de son enfant, qui l’aide à interpréter celles-ci (…) contribue à les protéger des usages obsessifs. En installant très tôt cette forme de médiation entre l’enfant et les écrans, il se positionnera en interlocuteur valable même dans les périodes plus complexes, comme celle de l’adolescence.
(Source : www.internetalamaison.be)

Voir l’activité : Donner du temps au temps

Si les assistants audio tels que Siri ou Google Now sont parfaits pour des tâches ciblées. Ils sont également infatigables pour répondre aux questions des enfants. Ils sont le point de départ d’un long cheminement vers l’usage utile des méthodes de recherche et l’analyse critique des résultats trouvés.

N’oubliez pas toutefois de tester vous-même la démarche et surtout d’être avec eux lors de leur recherche. Trouvez des résultats indésirables lors d’une recherche anodine fait partie des lieux communs dès que l’on évoque la question des risques sur Internet, même et surtout si l’on a pris la précaution de mettre en place des filtres de recherche.

Sur ce point, chaque famille a son niveau de susceptibilité. En tout état de cause, ne punissez-pas votre enfant s’il fait une mauvaise découverte. Ce qui est important, c’est de verbaliser, mettre des mots, expliquer ce qu’il n’aurait pas dû découvrir.

Voir l’activité : C’est quoi la question ?

L’idée selon laquelle Internet, et plus précisément les jeux vidéo, présents sur les tablettes numériques, suscitent la violence ou l’agressivité, si ce n’est l’énervement et autres troubles, a la vie dure.
Et pourtant, comme l’explique le psychologue Michaël Stora, des recherches scientifiques ont montré « que les jeux vidéo développaient des compétences cognitives : la spatialisation en 3D, le multitasking (accomplir plusieurs tâches en même temps) et l’intelligence déductive [...]. Le jeu vidéo n’est pas le lieu de décharge ni le punching-ball que l’on croit. En jouant, on apprend à ne pas être dans le "tout et tout de suite". Le jeu vidéo est un lieu de persévérance  » Michel Stora, Les jeux vidéos sont-ils dangereux ?

Le tout est donc encore dans l’équilibre...

Voir l’activité : Comment te sens-tu ?

La musique est importante pour l’enfant. Selon Nicole Malenfant, « La musique n’a que des effets positifs sur le développement de l’enfant. Les recherches vont souvent dans le même sens : des programmes de musique à l’école ou des écoles spécialisées amènent les enfants à mieux performer dans les autres matières. L’enfant apprend à écouter son jeu, à coordonner ses mouvements, à développer sa mémoire, à affiner sa sensibilité, à s’extérioriser. Il en retire satisfaction et fierté, et augmente, par le fait même, son estime de soi » (extrait de « L’éveil du bébé aux sons et à la musique », Presses de l’Université Laval).
L’évolution rapide des supports conduit actuellement à une écoute principalement numérique de la musique (fichiers MP3) à travers des lecteurs tels que les outils nomades (smartphone, tablette, lecteurs MP3, etc). Qu’en est-il alors de cette écoute principalement individualisée, le casque sur les oreilles ?

Si d’un point de vue médical, l’excès du volume sonore doit être pris en compte par les parents de jeunes enfants ; d’un point de vue éducatif, nous gagnerions également à partager les goûts des uns et des autres par une écoute collective, même si ça demande des compromis.

Voir l’activité : En avant la musique

Le smiley clin d’œil qui confirme la complicité ou qui relativise l’ironie d’une réplique, le smiley triste qui compatit de la situation du destinataire, le smiley « mort de rire » pour symboliser l’humour de la conversation : les smileys semblent avoir un rôle expressif essentiel dans la manifestation des émotions au sein des communications numériques.

Selon Michel Marcoccia, les smileys « permettent aussi d’indiquer le type de relation que l’auteur d’un message désire entretenir avec son destinataire, ou de désamorcer le caractère menaçant ou agressif d’un énoncé, et fonctionnent alors comme des procédés relationnels ou de politesse.
De manière plus globale, ils désambiguïsent les messages et indiquent la manière dont ils doivent être interprétés par leurs destinataires
. »
(Source : Michel Marcoccia, Nadia Gauducheau, « Le rôle des smileys dans la production et l’interprétation des messages électroniques », in La langue du cyberespace : de la diversité aux normes, Bordeaux, mai 2006, L’Harmattan).

Sont-ils trop récurrents ? Devons-nous nous inquiéter d’une certaine paupérisation du langage et de la capacité de la jeune génération à une bonne utilisation des mots ? Tel est un débat qui anime de nombreux linguistes :"Emojis :Régression de la communication ou variation du langage ?"

Voir l’activité : Faces rigolotes

La mobilité imposée aux travailleurs, les séparations familiales, l’éloignement géographique des membres de la famille peuvent donner à votre enfant l’impression d’être un peu isolé de ceux qu’il aime. L’activité proposée peut participer à réduire son sentiment d’angoisse ou de solitude.

Quelque soit la raison de l’éloignement parental, en expliquer les raisons à votre enfant pourra lui permettre de mieux comprendre et de le préparer à ces périodes d’absence. Si chaque matin papa est déjà parti au travail quand on se lève, expliquez à votre enfant l’importance du travail de papa et la fierté que ça lui procure. Ce n’est pas toujours facile de trouver les bons mots pour expliquer la situation aux enfants, notamment en cas de séparation parentale. Pour vous aider à aborder les choses, des livres destinés au plus jeune âge existent :

• Chez Papa et chez Maman – Mes deux maisons, par Mélanie Walsh, éd. Gallimard Jeunesse. Un album pour tout petit qui raconte le quotidien d’une fillette dont les parents sont séparés.
• Simon a deux maisons, par Dominique de Saint Mars et Serge Bloch, éd. Calligram, collection Ainsi va la vie. La collection Max et Lili utilise l’humour et la bienveillance pour parler des sujets sensibles qui touchent le quotidien des enfants.
• Bébés Chouettes, par Martin Waddell et Patrick Benson, ed. L’école des Loisirs. Histoire de séparation et de retrouvailles. D’une maman qui s’en va et qui revient.
• Mon papa le roi, par Michel Amelin, éd. Bayard Jeunesse, coll. Les belles histoires. Mignonette est une enfant gâtée. Pourtant, quelque chose lui manque. Son papa le roi est si occupé qu’il ne passe jamais de temps avec elle...
• Chichami attend papa, par Pépi Marzel, éd. Pastel-Ecole des loisirs. Le papa de Chichami part en voyage pour quelques jours. Le petit lapin va devoir attendre son retour...

Voir l’activité : Loin des yeux, près du coeur

En comparaison aux appareils photographiques standards, le smartphone et sa fonction « appareil photo » semble encore plus facile d’utilisation.
D’une petite pression tactile sur l’écran, clic clac c’est dans la boîte. D’une certaine manière, seul l’aspect fragile du smartphone (et précieux pour tout ce qu’il recèle de données) nous fait réfléchir à deux fois pour lui tendre appareil à notre enfant et le laisser faire des photos.

Car techniquement c’est simple. Simple mais différent. Si le résultat « avoir un souvenir » du moment est identique à celui d’un appareil photographique standard, la prise en main elle est bien différente. L’utilisation d’une fonction zoom et focus reste limitée pour ne citer que celles-là. Par contre, la légèreté et mobilité de l’outil ainsi que le partage instantané sont quelques avantages de l’utilisation du téléphone. Et d’ailleurs, on voit apparaître la photographie comme fixateur de souvenirs comme une pratique à présent quotidienne et courante.

L’intérêt n’est donc pas réellement la prise en main technique de la photographie mais davantage le point de vue et la mise à distance que la prise de photo suppose. En photographiant, l’enfant se rend compte de la distance entre le réel et son image, et cette activité lui donne l’occasion de maîtriser cet écart. Il apprend à interpréter le réel, à le détourner, il entrevoit sa flexibilité. Cet un travail intellectuel qui pour lui, commence à s’opérer entre deux et quatre ans.

Voir l’activité : Clic avec les yeux !

Les enfants entrent tôt dans l’univers de la publicité. À 6 ans, ils sont environ un tiers à croire systématiquement ce que disent les publicités. En grandissant, leur confiance envers le discours publicitaire décroit.
L’impact de la publicité semble particulièrement fort chez les jeunes enfants (autour de 6 ans) et pour les produits les concernant directement : sodas, barres chocolatées, bonbons, céréales. Cet intérêt diminue avec l’âge, notamment lorsque la dimension persuasive des annonces se précise. Cela ne dissuade pas pour autant les enfants de manifester un plaisir tout particulier face à certaines pubs, car elles sont avant tout un spectacle. Il y a de l’humour, de la vitesse, de la couleur, des dessins animés, une jolie chanson, des jingles, la présence d’animaux ou de leurs héros favoris.

Plus tard, à partir de 8 ans, la plupart des enfants peuvent identifier les pubs à l’écran, à condition d’en repérer les différents éléments de style. Ce n’est que vers 10 ans qu’une grande majorité des enfants perçoivent les intentions commerciales du discours publicitaire.

Pour comprendre un message publicitaire, votre enfant doit avant tout être capable de le distinguer des autres programmes ou supports. Il pourra ensuite identifier la pub comme telle et en apprécier la finalité commerciale.

Aimer la publicité est une chose, lui accorder de l’attention en est une autre. Avant l’âge de 9 ans, l’enfant ne sait pas toujours faire la distinction entre un produit qu’il aime et une publicité qu’il apprécie. Il a tendance à aimer un message, dès lors qu’il apprécie le produit, et inversement.

Voir l’activité : La pub, j’en suis baba ?

Les supports mobiles tels que les smartphones et les tablettes ont séduit l’industrie du jeu vidéo et favorisé le développement de petits jeux (AngryBirds, CandyCrush…) .
D’apparences gratuits, nombreux de ces jeux proposent une expérience ludique à la fois individuelle, partagée, gratuite et … payante ! Elle est gratuite parce que l’acquisition de l’application, du logiciel de jeu est gratuite… après c’est une autre histoire !

Alors comment cela fonctionne ? Comment arrive-t-on à faire payer les gens sur un jeu « gratuit » ?
Dans un premier temps, l’objectif est d’attirer le joueur. Pour ce faire deux méthodes : d’abord la gratuité du jeu et ensuite une « FTUE », à savoir : first time user experience (une première expérience d’utilisateur). Celle-ci doit être la plus positive possible et montrer au joueur que le jeu est bon. C’est une étape de séduction.
Et une fois que le joueur est accroché, l’objectif est de le faire devenir consommateur. Il ne doit plus être seulement un utilisateur mais se transformer aussi en client du produit. Pour créer cette envie, les premiers stades du jeu sont construits de telle sorte à présenter au joueur non pas ce que le jeu permet de faire… mais plutôt de lui montrer ce qu’est le jeu si le joueur décide payer.

Pour inciter le joueur à payer (à devenir client) un jeu va présenter des effets d’accroche. C’est à dire des éléments de l’univers et des mécanismes du jeu que le joueur va envier au point d’être prêt à les payer : du temps supplémentaire dans une épreuve du jeu, un objet qui renforce le plaisir d’une épreuve, etc. Une autre manière d’accrocher le joueur est également la pression sociale. Le joueur est désireux d’avoir quelque chose parce qu’un autre joueur le possède.

Bien sûr, tous les jeux installés gratuitement sur les tablettes à l’usage de nos petits ne suivent pas ce mécanisme économique. Pour autant, toute acquisition gratuite de jeux aura son revers : présence intempestive de publicités, placements de produits, etc.

Voir l’activité : On joue ensemble ?

L’égalité entre filles et garçons commence dès le berceau. Votre enfant est marqué dès la naissance par son sexe, qui détermine son comportement durant son existence. Mais l’entourage de votre enfant joue un rôle déterminant sur son identité de sexe. A peine né, et déjà durant la grossesse, votre enfant a déjà une identité conférée par vous. Vous élaborez déjà des projets différenciés et vos comportements éducatifs ne sont pas semblables selon que l’enfant soit une fille ou un garçon. Petit à petit, votre enfant va intérioriser une identité issue en grande partie de vos comportements à son égard, de son environnement, de vos attentes et des attentes de la société.

Votre enfant ne se contente pas de répondre à votre attente ou en imitant vos comportements. Ses apprentissages passent également par divers médias, publicités, films, dessins animés, jeux vidéo, jouets, etc. Ces différents supports rendent notamment la division des tâches ou de statuts entre filles et garçons plus naturelle encore, en renforçant les stéréotypes de genre. Et plus l’enfant grandit, plus les différences se creusent.

Votre rôle est-il de les nuancer, de les accentuer ou de les réduire ?

Voir l’activité : C’est pour fille ou pour garçon ?

La pratique du selfie n’est pas anodine. Elle marque sans doute un tournant majeur dans le processus de démocratisation et de généralisation de la représentation de soi. En effet, à ses débuts, le portrait photographique était réservé aux grands de ce monde.

Malgré la généralisation de la photographie, le portrait fut longtemps laissé aux mains des professionnels de la photographie, puis des amateurs occasionnels. Il y avait toujours l’intervention d’un regard extérieur. Nul n’était libre et maître de sa propre image. Papa, maman, d’autres encore exigeaient de manière arbitraire un sourire, une pose particulière, une manière conventionnelle de se présenter « avec naturel ». Et parfois même ils photographiaient ce que l’on ne voulait pas voir : par exemple, nos pleurs sur les genoux de Père Noël.

Enfin, avec le selfie, la maitrise de notre propre image et notre propre découverte est désormais permise. Plus tard, à l’adolescence, votre enfant y verra d’autres enjeux, le selfie sera un lieu de construction de son identité et de son réseau social, ainsi qu’une pratique partagée avec ceux qu’il estime être ses amis.

Voir l’activité : Selfie, moi-jeu

L’envie de partager en ligne les productions de nos réalisateurs en herbe est bien grande. En effet, quelle aubaine pour permettre à d’autres membres de la famille ou des amis de les visionner. Ce choix de publication a cependant quelques répercussions dès la conception des petits films de nos enfants.

Il s’agit dès lors d’identifier quelles sont les intentions de ce partage en ligne ? Est-ce pour faire connaître la vidéo à quelques personnes de la famille (les grands parents, les cousins, etc.) ? Est-ce pour établir un répertoire de toutes ces productions faites par mon enfant ? Est-ce pour la partager à toute l’école notamment sur un groupe Facebook ? Est-ce pour permettre à un maximum de personnes de la visionner et recevoir des commentaires ? Répondre à ces questions de « périmètre de diffusion » vous permet d’identifier le « cercle de confidentialité » désiré pour cette vidéo et donc de choisir le meilleur outil/support médiatique pour sa diffusion (e-mail, messagerie instantanée, Youtube, site personnel, Facebook, etc.).

Selon l’outil choisi et donc son degré d’exposition public, voici d’autres questions à avoir en tête :

  • Toutes les personnes identifiables dans ce film sont-elles d’accord par rapport à la publication en ligne ? Il en va autant de la maman, de la grand-mère ou du voisin et même de l’enfant mineur. Même si juridiquement, ce sont les parents qui peuvent donner ou non l’autorisation de publication de l’image de leurs enfants, autant prendre déjà le réflexe de sensibiliser nos petits à cet accord. Ils en prendront dès lors l’habitude pour l’appliquer eux-mêmes.
  • Serait-ce dérangeant pour la famille (en terme de sécurité, réputation…) que des tiers identifient les lieux du « tournage » ?
  • Utilise-t-on de la musique qui est libre de droit et qui me permet de diffuser la vidéo en ligne ?

A priori, ces questions peuvent sembler rébarbatives face au caractère facile et spontané de la diffusion en ligne des productions.

Pour autant, développer déjà quelques réflexions en famille quant à la diffusion des images (fixes ou animées) facilitera des réflexes quant à l’exposition en ligne des enfants dans les années ultérieures.

Voir l’activité : Je fais mon film !

Dès la naissance, l’enfant imite. Il commence par tirer la langue ou ouvrir la bouche comme papa ou maman, il reproduit les sons puis les paroles, les gestes puis les attitudes. L’imitation a une très grande importance dans son développement social.

C’est en imitant que l’on entre en contact avec les autres et que l’on apprend à communiquer. Il joue à « faire pareil », mais pour lui, c’est bien plus qu’un jeu. C’est un outil d’apprentissage et de transmission qui permet également de créer les liens d’attachement entre enfant et parents.

Voir l’activité : Chut, écoute…

Cette activité enclenche un processus important dans l’éducation aux médias de votre enfant. Il lui permet de trier, de sélectionner un point de vue et donc de « produire un média » en fonction de critères objectifs et subjectifs.

En effet, peu à peu, votre enfant comprendra comment prendre une photo en fonction de son objectif : une photo d’une grimace pour envoyer à papa ou bien une photo tout sourire pour l’afficher au-dessus de son porte manteau à l’école. Il fera des choix de sujet. Cela deviendra pour lui une technique de communication, une façon de « dire quelque chose » et pas simplement une activité ludique du « clic ».

Ensuite, il opèrera des choix quant au point de vue, au cadrage qui influence le sens du message : se photographier devant le goal de foot n’aura pas le même sens que se photographier devant l’arbre en fleur.

En s’entraînant ensemble à la photographie, on comprend qu’on peut influencer ce qu’on raconte à travers le cadre, le point de vue, les jeux d’ombre et de lumière. Tous ces choix, qui peuvent paraître basiques, participent
au sens donné au message, et donc au média.

Prendre des photos, c’est donc s’inscrire dans la communication, la transmission de messages. C’est envisager le document médiatique comme un support de communication tourné vers l’extérieur.

N’oublions pas par ailleurs qu’à cet âge-là, l’imitation joue une grande part dans l’intérêt des activités : vous avez tendance à ne pas louper la photo d’une seule bêtise, sourire, ou pose au soleil ? Ne vous étonnez pas que votre enfant soit demandeur de passer de l’autre côté de l’objectif !

Et donc, pourquoi pas ? Car prendre des photos, c’est aiguiser son regard sur le monde extérieur.

Voir l’activité : Expo photo

Les cadres colorés, parfois fantasques, préprogrammés par les applications donnent souvent une dimension très anecdotique, voire exubérante, à la retouche d’images. Pour autant, le montage photo reste une activité très intéressante sur le plan de l’éducation aux médias.

En effet, la retouche de la prise de vue sur le plan du cadrage, de la découpe ou de l’ajout de filtres fait ressentir à l’enfant, et à l’utilisateur de façon générale, que l’image est un matériau brut, sur lequel il est facile de travailler pour en modifier le sens, et donc sa réception par les autres.

Même si les filtres préprogrammés nous font appliquer les principes même de la balance des blancs ou de la saturation en photographie en un seul clic, autrement dit sans aucune manipulation technique, la retouche ou le recadrage d’image s’imprègnent de compétences informationnelles et sociales. En modifiant la prise de vue brute on travaille à la « mise en forme du message », à savoir donner un sens par rapport à un message qu’on souhaite communiquer à quelqu’un. Votre enfant ajoute un soleil ou un cœur sur sa photo ? Il ajoute un nuage gris ou un smiley triste ? Le sens de son message en sera différent.

Enfin, en s’essayant lui-même à la modification d’image, votre enfant comprendra peu à peu que les images qu’il consomme au quotidien ont elles aussi pu être modifiées au préalable.

Utiliser les filtres, c’est donc jouer certes. Mais c’est aussi vivre un rapport à l’image. En prendre distance. L’image n’est pas la réalité.

Voir l’activité : Je joue avec les filtres

Tout petit, votre enfant n’est pas encore capable d’identifier, moins encore de nommer et partager ses émotions avec vous. C’est à force de vous voir lui donner confiance, de lui offrir vos propres émotions et de leur donner un nom qu’il apprendra à associer des mots à ce qu’il ressent.

Votre enfant a besoin de pouvoir extérioriser ses émotions pour bien faire la part des choses entre les vôtres et les siennes.

Dans une catégorie d’âge au-delà de cinq ans, beaucoup d’enfants ont déjà vu des images inappropriées, ne serait-ce que parce qu’ils ont cru repérer un dessin animé de leur personnage favori parodié dans une version adolescente ou adulte, ou encore des versions destinées aux adultes signalées par une limitation d’âge, à laquelle il n’a pu être attentif.

Il est crucial de l’aider dans un premier temps à repérer cette signalétique, lui expliquer pourquoi et sur quels critères elle se fonde (images de bagarres, images qui font peur), et d’y être attentif, vous comme lui.

Dans le cas de fortes émotions, il est nécessaire de lui laisser toute la place pour l’exprimer, vous et son entourage, sans réprimer l’enfant, mais au contraire pour lui montrer que l’émotion est un comportement très partagé. Tout le monde a eu peur d’une image, d’un film, dans son enfance !

Voir l’activité : Mes émissions, mes émotions